J'ai enfourné ma sculpture au millimètre il y a quelques jours.

Les dangers étaient multiples. le petit chiot de droite avait les pattes dans le vide, il était juste sécurisé  par un empilement savant de briques et de petits morceaux de plaques.

Après la cuisson à première vue tout allait bien mais mon oeil de lynx a vu ÇA !

 (heureusement avant le défournement de la sculpture)

On se rapproche ...

L'horreur potentielle dans toute sa splendeur.

Évidemment le geste suivant s'impose immédiatement.

Bref on a frôlé la catastrophe d'autant qu'en enlevant la première plaque j'ai vu ÇA !

Tout a bougé.

Ma sculpture s'en tire parfaitement. Elle va bien et repose tranquillement à la maison.

Merci à ma bonne étoile.

J'adore la résistance de l'argile à ce stade de "dureté cuir"

C'est un vrai bonheur de tailler des boucles, de corriger une colonne, de retoucher la dentelle d'un balcon.

Quel chance ce métier.

Tiens... la colonne de gauche est cassée. Je vais la refaire.

Je l'aime bien celui-là ...

Au boulot.

Tout rentre dans l'ordre, les coutures sont solides et les intérieurs bien protégés. Comme toujours certains seront peu visibles et je vais donc vous en montrer les détails cachés.

des escaliers

des terrasses

des escaliers

des terrasses

... ma came.

 Et là on se dit : "mais que fait cet avion dans l'histoire ?"

En fait si vous aviez eu la chance de connaître cet endroit du sud-Soudan en 1989 vous diriez en souriant :

"il DEVAITy avoir  un avion"

Il y en avait même beaucoup : des hercules, les twin otters, des DC3 et mon chouchou le Piplatus porter HB-FEZ pour les intimes.

En réalité, je parle peut-être des chiots pour ne pas avoir à parler du Pilatus...

Les paysages se dessinent, les volées d'escaliers prennent leur place, ça commence à ressembler à quelque chose.

C'est à ce moment là que surgit le chaos.

Je coupe, je vide, je dépose, j'écarte. La terre tremble. Il faut préparer la masse à l'épreuve du feu.

Même après des années de sculpture cette étape m'inquiète toujours un petit peu. Si incident technique il doit y avoir plus tard pendant le séchage, tout se joue ici, maintenant.  vérifier les épaisseurs, ne pas oublier de poche d'air, soigner les  "coutures" de l'argile. Prendre son temps, surtout ne rien bâcler.

Ça doit ressembler à ça l'intérieur d'une chrysalide.  Il y a une harmonie dans le chaos.

Je le confirme, l'arabesque à la souris d'ordinateur c'est compliqué.

Le Larousse donne une jolie définition de l'arabesque "Ligne idéale, sinueuse, résumant le rythme essentiel d'une composition peinte, dessinée ou sculptée"  Elles sont les copines des triangles, eux-mêmes assez  intimes des vides.  

Il y a du monde sur les sculptures.

Après cette sculpture  j'aurai une bonne idée de la morphologie générale du chiot... et je ferai des chats pendant six mois.

Et voilà la Green house de Wau sud-Soudan qui commence à se dessiner.

Aujourd'hui je me suis concentrée sur celui-là.

Tout va se passer dans la ligne de sa colonne vertébrale et dans la tonicité de ses pattes. 

La deuxième porte est esquissée.

Je pense faire plusieures ouvertures  sur cette pièce centrale afin de faire entrer un maximum de lumière.

Demain j'irai aussi  voir le petit chiot qui est sous la tête d'Asfar.

Je sais ... ça fait mille ans.

Bon me revoilà, j'ai recommencé à faire des photos et suis heureuse de partager à nouveau la progression de ma dernière sculpture.

Elle s'appelle "Green house animal farm" en référence à la lettre de Dianne C. ma grande copine australienne (document ci-dessous). J'étais alors pour une quinzaine de jours à Khartoum et par ce courrier Dianne (restée seule à Wau) m'annonçait la naissance des sept chiot d'Asfar. 

Ce sont des empreintes de pattes réalisées avec la terre battue de la cour de la "Green house" .

En haut on trouve les sept chiots avec une petite description de chacun puis vient Asfar (Asppar pour Dianne), Taban le chien de Dianne, Bruce Lee le chat ... et enfin l'empreinte digitale de Dianne.

Toujours les mêmes outils, une jolie collection de bâtons cassés.

On ne dira jamais assez l'importance du plan en sculpture. 

... et ma passion du triangle.

Voilà nous sommes à jour, c'est ce que j'ai fait aujourd'hui.

La brume se dissipe, les détails apparaissent, mon voyage s'achève et celui de cet éléphant commence.

Exceptionnellement et parce que le sujet s'y prêtait,  j'ai décidé de laisser un accès à la ruelle de la tête.

Encore quelques finitions et commencera le séchage lent que je surveillerai quotidiennement.

  A ce stade, les fissures sont  agressives il est préférable de les repérer très vite.

La feuille de plastique sous ces grosses sculptures est très utile car elle permet  à la pièce de glisser sur la planche pendant le retrait de l'argile.

Elles me plaisent bien ces petites colonnes qui quittent les portes. Elles sont un peu  musicales.

Mise en place délicate des moucharabiehs. J'attends qu'ils durcissent un peu pour les travailler.