Elles sont précieuses mais rares les sculptures qui naissent sans effort et en quelques heures. Ce sont souvent nos plus belles pièces car elles sont le résultat de toutes les autres, celles qui nous ont demandé du travail et de la patience. 

Cet éléphant ne fait pas partie des exceptions... j'ai cherché.

Cela dure des heures, des jours, parfois des semaines. On souffre, on laisse de coté, on y revient, on veut tout jeter.

Et puis soudain, un petit coup d'ébauchoir bien placé et  une étincelle de vie fait briller le regard de l'éléphant. 

Oui, quelque chose  a été trouvé mais l'ensemble est imparfait,  ça ne va pas. A cet instant,  il faut cesser de croire que cela va finir par tomber du ciel et revenir aux bases géométriques de l'éléphant.  Revenir aux  documents, observer et découper mentalement en masses  distinctes. J'ai décidé une fois pour toutes que pour moi l'éléphant sera un triangle basculé qui pointe vers le haut. Résultat des courses :  ma première ébauche manque donc terriblement de cou (photo du bas).  EXPLOSION DE LA TÊTE. Le petit regard trouvé doit être sacrifié pour venir se placer ailleurs, plus haut et plus à droite.  C'est mieux, les bases sont trouvées mais elles ne sont pas l'essentiel, maintenant je dois retrouver cette étincelle de vie dans une articulation, une paupière, le mouvement d'une oreille.

C'est déjà un peu plus clair que trois blocs d'argile.

Moi je crois que je le distingue assez bien, il déborde même de la structure de base.  C'est parti pour une nouvelle sculpture.

Du coup je crois que je vais investir dans un four un peu plus grand...

Parce que cette région du monde m'est chère, que j'y ai vécu une merveilleuse année et qu'elle va être indépendante prochainement, voilà un berger Dinka.  Je vous l'accorde, il n'a pas vraiment les parures de la région mais l'essentiel est de parler du  Sud-Soudan.

Par un matin gris, j'ai trouvé un poisson dans un os à moelle.

Il pleuvait, faisait froid et je n'avais pas le courage de mettre les mains dans l'argile glacée.

J'ai alors aperçu les chiens qui revenaient du jardin  avec un bel os à moelle bien nettoyé par les mois passés dans la terre. 

Il ne m'en fallait pas plus pour tenter la sculpture sur os. 

C'est très agréable et cela se travaille assez proprement. Je conseille donc ce petit voyage à tous les sculpteurs qui craignent les petits matins froids de leurs ateliers.

(le poisson fait 8cm de long / merci à tous mes amis de me garder les beaux os trouvés)

Nous avons fixé Bacchus ce matin.

Merci Patrick.

Je suis de retour sur ce blog. J'ai commencé l'année scolaire par la réalisation de toutes les petites commandes et vais pouvoir  commencer de nouvelles sculptures. Enfin nouvelles pas tout à fait puisqu'il s'agit d'une commande de dogue du Tibet en bronze  (Sig Khan et toute sa famille)

On m'a commandé ce Bacchus il y a déjà plusieurs mois mais mon esprit n'était occupé que par Sig Khan (plus bas) J'avoue avoir eu un peu de mal à apprivoiser l'idée de revenir à une pièce classique.
La première étape est achevée, il faut maintenant reprendre tous les détails un à un.

Après une première prise de contact musclée  nous sommes devenus des amis.
Voilà donc Bacchus, enfin tel que je le vois moi c'est à dire un chouïa éloigné du gros bébé joufflu.

Ça c'est l'envers du décor que l'on ne verra jamais. On ne se refait pas je n'ai pas pu m'empêcher d'y coller mon petit monde.
En réalité Bacchus masque un tuyau disgracieux qui goutte... pas très glamour pour lui mais on ne choisi pas sont destin.
En clair,  le petit réservoir recueille l'eau qui  par un ingénieux labyrinthe d'argile ressort par l'extrémité d'une grappe de raisin pile au dessus de la grille d'évacuation... trop fort.
Mais  après une rencontre avec le cador des chefs de l'accrochage  il faut que je modifie la position du réservoir...

Le séchage lent a commencé, c'est une étape importante dont j'ai déjà parlé et qui va déterminer la réussite de la cuisson finale.




Encore quelques petites finitions et je vais surveiller quotidiennement la moindre micro fente qui pourrait apparaître sur la pièce.


Détail des portes, les poignées seront placées après cuisson.









Les moulins à prières sont un peu en vrac. Je les fixerai après cuisson.

Programme de ce soir... petites finitions de cette partie.

L'intérieur est quasi terminé, j'ai refermé toutes les coupes de travail et commence le plus agréable : les détails.
Bâton, bistouri, petit outil de dentiste, poupée de polissage entrent en piste; le bonheur en quelque sorte.






L'entrée avant la pose des portes.


Ébauche des portes.


Dernière visite de l'intérieur avant fermeture définitive.




Les finitions commencent.
La progression est lente mais je ne vois pas le temps passer, je me fais des films, je rêve.

Voilà, j'ai provisoirement découpé le dos de cette pauvre bête pour travailler l'intérieur.
Les piliers sont en terre rouge; après cuisson je pourrai les cirer et cela  ressemblera à du bois.



Demain j'attaque la deuxième rangée de piliers.