On touche au but.

Après des plans complexes pour enfourner cette grande pièce verticalement nous avons choisi la simplicité de nos mains et de nos muscles et en penchant bien nos têtes sur le côté, tout s'est bien passé.

Cuisson très lente après un séchage à 150° la veille j'ai commencé la cuisson à 2h du matin.
30° par heure jusqu'à 360°, palier de 30 minutes.
75° par heure jusqu'à 565°, passage du quartz à 50° par heure.
Plein pot jusqu'à 1020°.
Refroidissement normal sauf au passage du quartz.

(pour les pros je précise qu'il s'agit d'une faïence brune lisse. Épaisseur de la pièce : 5 cm)

Maintenant on attend le verdict du feu.

C'est technique et délicat, tout va se jouer sur le retrait de la terre.

Comme vous pouvez le voir, j'ai viré les portes.
Le projet n'est pas abandonné il est juste rangé dans un coin de ma tête et naîtra une autre fois.  Il y a beaucoup de passage dans ma maison, ça sèche super vite et je n'ai pas le temps de m'y consacrer réellement. 

Pour l'été il me fallait du ludique, du léger et j'avais de jolies cucurbitacées qui pendouillaient depuis des mois dans un arbre.

Voilà donc mes premiers pas vers la pyrogravure.
La prochaine va mélanger la légèreté du travail des "coucourdes"  à  mes chères portes...

J'ai pas fait grand chose.
La sculpture chez moi c'est comme surfer des vagues. Dès que je parviens à en chopper une c'est le top; j'oublie tout, je fais corps, je surfe bien concentrée sur mon travail. Par contre si je décroche, je commence à regarder les p'tits poissons, à cueillir les bouquets de corail,  compter des poulpes, bref je "m'éparpille façon puzzle". 
Pour reprendre une autre vague là je suis nulle;  je les regarde passer et elles ne sont soit jamais assez grandes ou alors carrément trop impressionnantes. "S'y remettre" ... c'est ça le plus dur tout en sachant que ce premier pas franchi c'est le bonheur qui déroule ses heures.

Bon là je suis sur ma vague et je fais des maisons.

Après les grandes pièces j'ai souvent besoin d'un travail un peu moins technique,  plus léger à réaliser.  Plus léger ne veut d'ailleurs pas dire que cela m'intéresse moins, c'est juste moins flippant à cuire, moins stressant à sécher.

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Il était une fois il y a plusieurs plusieurs  mois j'ai remarqué un détail graphique sur une grille de radiateur électrique. J'ai posé ce détail sur une pile dans une case de mon cerveau qui s'appelle "Case des jolis trucs que jesépakeskej'vé en faire"...

le temps passe ... (je sais bien faire le temps qui passe)

La semaine dernière, devant une commande de sculpture qui ne voulait pas naître (c'est toujours difficile les commandes)  j'ai décidé de faire une pause et j'ai bricolé deux petites portes en terre qui reprenaient en partie le détail de cette fameuse grille de radiateur.

J'avais les portes ... je les regardais... elles étaient justes mignonnes ... et puis la magie du grand mixeur cérébral a fait le reste. Une vieille idée, un tableau que j'adore, un conseil de Joriot et plaf! la photo mentale de l'objet final était là.

Allez on commence...

Quelques plaques de terre grâce à ma croûteuse  (oui je sais, les noms de certains outils des céramistes sont parfois super sexy. Dans le même genre nous avons aussi la "boudineuse-désaéreuse") 

C'est parti !

Tout un art le séchage et probablement l'une des étapes les plus importantes du travail. 

J'ai l'habitude de dire que les fentes n'apparaissent jamais pendant la cuisson, cette dernière ne fait que les révéler en les  accentuant.  Pour les grandes pièces un séchage très lent est essentiel. Je commence par laisser les sculptures sous plastique pour que tout cela se passe en douceur.

Après un bon mois de séchage, je viens de libérer la partie basse de son enveloppe  plastique (j'avais quand même un peu surveillé de temps en temps)

Vérification des parois intérieures ... une légère petite fente que je réparerai demain.

Voilà ... maintenant on attend le séchage complet et je commence à réfléchir sérieusement à une technique d'enfournement verticale ... j'ai déjà un peu la trouille... ça va être chaud.

J'ai plein d'outils.
Dans de grands pots en céramique sont "rangés" des dizaines de mirettes, ébauchoirs, tournasins et estèques de toutes formes mais avec les années je m'aperçois que je n'en utilise vraiment qu'une petite poignée.

Mon préféré est un vulgaire morceau de bois, sur les sculptures de la famille d'Asfar je crois qu'il a fait entre mes mains plus de 80% du boulot.  C'est lui là sur la photo, le long morceau de bois cassé, il définit les lignes, donne les textures, je l'aime. En deuxième position je crois que je vais mettre l'estèque en métal. Indispensable estèque en métal qui bien que difficile à apprivoiser  est parfaite pour faire disparaître les creux et les bosses.

Sur la troisième marche du podium vient enfin le petit outil de dentiste (merci Patrick) que j'ai eu un mal fou à retrouver sur le net pour remplacer l'ancien qui était émoussé (avant-dernier sur la photo)  Les quelques autres sont de petite baquettes de bambou taillées et ce que  j'appelle des poupées (la petite boule de coton comprimée dans un carré de sac en plastique.


Pour finir, voici le travail du jour...

Encore l'oreille à définir, les colonnes de la couronne à faire, le bijou frontal, les cheveux, finir les bras, les mains, le cou, le polissage  ... bref, mine de rien y'a encore du taf.

Certains jours c'est laborieux, on cherche,  c'est moche et on ne sait pas pourquoi, on insiste c'est pire, on sait quelque part au fond de soi qu'il faut reprendre le sujet du jour à zéro mais on rechigne bêtement devant le travail à fournir et on a tort.
Dans ces situations, invariablement je laisse tomber.
Une nuit passe et à la lumière du matin j'explose la "tumeur" et je recommence. 

Aujourd'hui c'était très agréable, j'aime bien poser ces petites colonnes, découvrir des portes, grimper des escaliers inconnus. Je voyage réellement.